Plainte contre l'émission Découverte du 4 octobre 2009 à la télévision de Radio-Canada pour désinformation et démagogie

Leur réponse
Ma réplique
La révision de la plainte
Ma conclusion

06/10/09
Plainte contre l'émission Découverte du dimanche 4 octobre qui portait sur le sujet du cancer.

La réalisatrice Chantal Théorêt a présenté faussement l'obésité / embonpoint comme étant un facteur de risque aussi important pour le cancer que la fumée de cigarette peut l'être.

Le dr Richard Béliveau parle d'obésité, il devient émotif à outrance. Un scientifique digne de ce nom doit demeurer le plus possible, dans son discours, calme, posé, neutre, de se tenir aux faits, d'éviter de verser de l'exagération et de faire en d'autres mots, de la démagogie.

La réalisatrice Chantal Théorêt de l'émission découverte et le dr Richard Béliveau ont un discours délibérément simplistes, sans nuances, dénaturant la vérité et faisant preuve d'une complaisance excessive en associant l'obésité au danger de la fumée de cigarette.

Dans le reportage vers la 2ième minutes, le Dr Richard Béliveau dit :

«on fume 30% des cancers on mange mal pis on est obèse 35% des cancers»

L'obésité responsable de 35% des cancer, c'est une exagération

Dans le reportage vers la 26ième minutes, le Dr Richard Béliveau dit :

« c'est une compilation de 500 000 mille études à l'échelle mondiale »

500 000 études qui démontrent que l'obésité cause le cancer, c'est inconcevable, c'est faux

Dans le reportage vers la 27ième minutes, le Dr Richard Béliveau dit :

« soyez aussi mince que possible - et on prédit que l'obésité va remplacer le tabac comme la première cause de cancer à l'échelle mondiale »

Être mince serait uniquement une question de volonté, ça c'est ignorer la réalité de l'existence de la diversité morphologique. Cela laisse croire que seule les personnes minces ne développeront pas de cancer. La minceur ou rien du tout ???

Dans le reportage vers la 28ième minutes, le Dr Richard Béliveau dit les :

« qui s'est amplifié à cause de l'épidémie d'obésité »

L'épidémie d'obésité est un mythe, affirmer cela c'est démagogique

Dans le reportage vers la 30ième minutes, Charles Tisseyre dit :

« rester mince toute sa vie »

Ce qui est impossible, c'est un objectif irréaliste - Une recommandation qui favorisera l'obsession de la minceur chez les femmes

Si d'après ces deux recherches :

Obésité: les personnes rondelettes vivent plus longtemps

« Obésité: les personnes rondelettes vivent plus longtemps

(AFP) – 19 juin 2009

TOKYO (AFP) — Enfin une bonne nouvelle pour les dodus: une étude japonaise a démontré que les personnes maigres vivaient six à sept ans de moins que les personnes rondelettes, et même moins longtemps que les obèses.

Une équipe du ministère de la Santé, dirigée par le professeur Ichiro Tsuji de l'Université du Tohoku, a suivi pendant douze ans 50.000 personnes »

Les seniors avec un léger embonpoint vivent plus longtemps…

«Dans une grande étude canadienne intitulée NuAge, dirigée par le Dr Payette et présentée récemment à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, le chercheurs ont indiqué que les seniors avec un léger embonpoint tombaient moins souvent malades et vivaient plus longtemps que ceux qui avaient un poids idéal.»

Il faut faire des nuances en ce qui concerne les risques entourant l'obésité. C'est complément absurde de comparer la fumé de cigarette à l'obésité. En effet, l'on peut arrêt de fumer mais on ne peut pas changer sa morphologie.

Il y a des personnes qui sont faites pour être de forte taille et d'autre de petite taille. Le poids d'une personne est plus déterminé par sa génétique que par, prétendument, ses mauvaises habitudes alimentaires. La morphologie d'une personne ne peut pas être un facteur de risque pour le cancer. Nous sommes tous égaux face aux cancer peut importe notre poids corporel.

De plus

Même que la chaire de recherche sur l'obésité de l'université Laval cite une recherche dans le journal de l'université Laval «Le fil des évènements» du 1 octobre 2009.

L'échec des diètes amaigrissantes n'est pas toujours une simple question de volonté

La thermogenèse adaptative explique pourquoi les gens ont peux de pouvoir de choisir le poids qu'ils veulent avoir.

Affirmer qu'il faut être absolument mince pour éviter de faire du cancer va mettre indûment une pression supplémentaire sur les femmes pour qu'elles essaient de correspondre au modèle de beauté en vogue actuellement.

Liens reliés

Four fat myths about obesity and cancer Un texte expliquant pourquoi ce reportage de Découverte est démagogique

Radio-Canada en mission contre l'épidémie d'obésité

On associe l'obésité au cancer selon une recherche qui dit que le surpoids et l'obésité sont responsables de 3,2% des cancers chez les hommes et 8,6% chez les femmes et non de 35% ou de 18 % comme dans le reportage Statistique que je conteste aussi

Fat-and-fit movement growing

Leur réponse

Monsieur,

J'ai bien lu la plainte que vous avez adressée à Mme Julie Miville-Dechêne, et beaucoup des liens que vous y avez inclus. Je vous remercie de partager avec nous vos inquiétudes, et je tiens à vous rassurer une fois de plus : nous ne sommes pas partis en guerre contre les personnes obèses ou souffrant d'un léger excès de poids. Toutes les affirmations faites dans les deux émissions réalisées par Mme Chantal Théorêt avec le journaliste Claude D'Astous ont fait l'objet de vérifications minutieuses.

Mais permettez-moi d'abord de corriger une impression que vous avez eue en écoutant nos propos. Nulle part il n'y est dit que 500 000 études démontrent que l’obésité cause le cancer. Notre reportage faisait en fait référence à une immense étude synthèse parue en 2007, étude reposant sur la compilation des données de 500 000 études antérieures. Dans le langage scientifique, ces vastes études sont appelées des « méta-analyses ». Elles permettent de dégager clairement les tendances communes de l'ensemble d'un corpus de recherche. Cette synthèse reliait le cancer à trois variables : la nutrition, l'exercice physique (ou à l'inverse la sédentarité), et l'indice de masse corporelle. Voici le lien : http://www.dietandcancerreport.org/.

Cela dit, la somme des études qui pointe l’obésité comme un facteur de maladies et de morbidité est écrasante. Les liens entre l'obésité et le diabète et entre l'obésité et les maladies cardio-vasculaires sont très solides. Le rapport obésité-cancer a été établi plus récemment toutefois, car on ne l’observe que si on étudie de grands groupes. C’est cependant un indice suffisant pour que la science ait déjà mis en évidence plusieurs mécanismes explicatifs.

Eye To Eye: Cancer Doc L'auteur de la recherche admet que le lien obésité cancer n'est pas direct

Ainsi, les personnes obèses possèdent plus de cellules que les personnes de poids moindre; il y a donc chez elle davantage de divisions cellulaires, moment propice pour l’apparition des mutations cancérigènes.

Deuxièmement, les cellules adipeuses, en grossissant et en se multipliant, émettent des citokines qui confèrent à l’organisme un état inflammatoire (augmentation de l’activité des lymphocytes; stimulation de l’afflux sanguin, genèse de nouveaux vaisseaux sanguins...); cet état est propice au développement des tumeurs cancéreuses à partir de quelques cellules néoplasiques.

Les études épidémiologique montrent effectivement que certains cancers sont beaucoup plus fréquents chez les gens obèses. Comme le rappelle M. Richard Béliveau lors de notre reportage :

« lI y a une corrélation très nette entre l'augmentation du poids corporel et l'augmentation du cancer. 60% des cancers de l'endomètre chez la femme sont associés à l'obésité. L'obésité triple le taux de cancer de l'œsophage et double le taux de cancer de la vessie, colorectal et du foie par exemple. Donc il y a un lien très très étroit qui s'est amplifié à cause de l'épidémie d'obésité à l'échelle mondiale. »

Mais il est vrai qu'une association statistique ne signifie pas nécessairement un lien de cause à effet. L'obésité n'est peut être pas la cause directe de ces cancers. Obésité et cancer peuvent aussi être deux effets parallèles d'un état physiologique (une maladie) ou d'un comportement. Par exemple, la consommation d'alcool est associée à une forte hausse des cancers du tube digestif ET à une hausse de l'obésité.

Le chiffre de 35 pour cent ne concerne pas uniquement les cas où l’obésité serait la CAUSE. Le rapport confirme toutefois que, si on garde un poids santé, si on fait de l’exercice (au moins 30 minutes pas jour) et si on mange santé (certains aliments ont un rôle préventif face aux cancers), on peut diminuer de 35 pour cent notre risque de cancer. Notre reportage est très clair à ce sujet.

Le Dr Walter Willet, de Harvard, estime quant à lui que l’obésité compte pour 15 à 20 pour cent des cancers en Amérique du Nord, mais là encore, l’obésité est souvent associé à une vie sédentaire et il n’est pas facile de dissocier ces deux facteurs.

Vous affirmez par ailleurs que « Nous sommes tous égaux face aux cancers, peu importe notre poids corporel ». Ce n’est pas vrai. Les études montrent le contraire. Il ne s'agit pas de culpabiliser les personnes obèses que de le souligner. D'ailleurs, dans un des articles que vous nous proposez, on peut lire cet avertissement :

« L'obésité pourrait devenir la principale cause de cancer chez les femmes durant la prochaine décennie », a prévenu Andrew Renehan, de l'Université de Manchester, principal auteur d'une étude dont les conclusions ont été présentées jeudi à Berlin dans le cadre du congrès de l'European Cancer Organisation (Ecco) et de l'European Society for Medical Oncology (Esmo).»

(http://www.lexpress.fr/actualites/2/le-surpoids-en-cause-dans-124-000-cancers-en-europe-en-2008_790183.html).

Ce qui n’est pas loin des craintes qu’expriment M. Richard Béliveau dans le reportage : « ...et on prédit que l'obésité va remplacer le tabac comme la première cause de cancer à l'échelle mondiale. »

Vous affirmez par ailleurs que l’épidémie d’obésité serait un mythe. Certains sites militants se sont effectivement donné comme mission de dénoncer cette vision. Mais les statistiques de la santé publique de presque tous les pays et celles de l’OSM (Organisation mondiale de la santé) montrent toutes une augmentation du poids moyen individuel, à la grandeur de la planète. Encore là, il n'y a pas dans ce constat le moindre jugement moral. Et s'il est vrai que certaines études ont remis en question les statistiques de morbidité associées à de faibles excès de poids (chez les personnes âgées, notamment, un léger excès de poids serait même un facteur positif, parce qu'associé à une meilleure résistance à la maladie et au vieillissement), cela n'invalide pas le lien entre l'obésité et de nombreuses maladies, incluant le cancer, dans la population en général.

Quant aux effets pervers de notre émission, qui favoriserait selon vous l’obsession de la minceur, je ne crois pas qu’il faille pour autant taire les données scientifiques. Mais vous avez bien raison de nous rappeler ce danger et de nous rappeler aussi la difficulté pour beaucoup d’hommes et de femmes en excès de poids d’y apporter un changement significatif à long terme. Mais ce n’était pas le propos de notre reportage.

En conclusion, notre reportage est conforme à ce que la science connaît actuellement sur le cancer.

J'espère que ces éléments de réponse vous auront convaincu que nous n'avons pas d'autre intention cachée que celle de partager l'information, et de donner aux gens les outils pour mieux gérer leur santé.

Si vous n’êtes pas satisfait de cette réponse, vous pouvez demander à l’ombudsman de Radio-Canada de revoir le dossier : ombudsman@radio-canada.ca.

Le directeur des émissions d'affaires publiques

Pierre Sormany

Ma réplique - Demande de révision

Je ne suis pas satisfait de la réponse de monsieur Pierre Sormany suite à la plainte que j'ai fait au sujet de l'émission Découverte du 4 octobre 2009 qui portait sur le cancer.

Car il n'a pas reconnu, dans sa réponse, avoir fait une faute journalistique grave ou d'avoir erré dans leur responsabilité de journaliste. Ils n'ont pas reconnu d'avoir fait, indéniablement, de la démagogie en affirmant que l'obésité est un facteur de risque plus important pour le cancer que la fumée du tabac peut l'être, entre autres.

Juste, sûrement, pour avoir le plaisir de se convaincre eux-même d'avoir fait le bon choix éditorial, pour contribuer à contrer la prétendue épidémie d'obésité, de faire peur aux gens et d'ignorer les informations/opinions qui remettent en question cette lutte dogmatique.

Ça s'explique par le fait qu'ils sont aveuglés par la mission qu'ils se sont donné de sauvé l'humanité d'un fléau qu'ils considèrent comme étant le pire que l'être humain a eu à faire face depuis le début des temps. Ils ne peuvent donc pas être conscients de tort qu'ils font aux femmes en se laissant aller dans la voie de l'exagération et de l'extrémisme.

Dans la réponse de Monsieur Pierre Sormany, il nous laisse clairement deviner leur choix éditorial qui est de contribuer à la lutte contre la prétendu épidémie d'obésité. Donc, leur position extrémiste anti-obésité a influencé leur choix de recherches, d'interprétations et de spécialistes pour réaliser ce reportage.

Ce n'est pas tous les chercheurs qui cherchent à démontrer la gravité de l'obésité. Il n'existe pas d'unanimité scientifique sur l'existence de la prétendu épidémie d'obésité.

Les journalistes de l'émission Découverte se sont laissés influencer par le discours charismatique de ces pseudo-scientifiques. C'est sûr et certain lorsqu'un journaliste se laisse porter par une émotion aussi forte que la frayeur, il perds son sens critique et sa relationnalité. Ce qui explique leur refus de reconnaître d'avoir fait de la démagogie en comparant l'obésité au tabac comme facteur de risque pour le cancer.

L'émission Découverte est une émission de vulgarisation scientifique. Cela signifie faire comprendre, en utilisant des mots simples, la science aux novices. Alors, qu'est-ce que les journalistes scientifiques de cette émission voulaient faire comprendre à son auditoire avec les cinq allégations énoncer durant ce reportage que j'ai mentionné dans ma plainte ?

Quel impact voulaient-ils avoir sur l'opinion des femmes ? Que voulaient-il amener les femmes à penser ?

Est-ce que ces allégations avaient pour but de faire peur afin de forcer les gens à arrêter de manger gras et sucré ?

Est-ce que ces allégations sous-entend un discours modérée ou extrémiste ?

D'ailleurs, tout ce qui est extrémiste et qui sollicite la peur des gens constitue de la démagogie.

Voici les cinq allégations commentées:

Qu'est-ce qu'on a voulu faire comprendre aux gens avec ces 5 allégations:

1- « on fume 30% des cancers on mange mal pis on est obèse 35% des cancers »

Les femmes ont sûrement compris que l'obésité serait plus dangereuse que la fumée de cigarette.

Est-ce des statistiques bien fondées ou interprétées de manière tendancieusement ?

N'est-ce pas une allégation qui a pour but d'impressionner ou de faire peur ?

2- « c'est une compilation de 500 000 mille études à l'échelle mondiale »

N'est-ce pas encore ici vouloir impressionner de sortir le chiffre 500 000 juste avant de parler de l'obésité.

Dans le reportage on n'explique pas d'où provient cet énorme chiffre.

3- « soyez aussi mince que possible - et on prédit que l'obésité va remplacer le tabac comme la première cause de cancer à l'échelle mondiale »

Pourquoi avoir choisis le terme « mince » ? Considérant la réalité de la diversité morphologique humaine, nous ne pouvons pas tous être mince.

N'est-ce pas de proposer aux femmes un objectif extrême et irréaliste ?

Pour ne pas exacerber l'obsession de la minceur chez les femmes n'aurait-il pas fallu choisir une expression plus modéré comme « éviter d'engraisser ».

4- « qui s'est amplifié à cause de l'épidémie d'obésité »

Le terme épidémie signifierait que le nombre d'obèses augmenterait de manière exponentielle. Si on ne fait rien la population sera toute obèse sans exception, un jour.

Cette allégation exclu l'explication génétique.

L'obésité et l'embonpoint est plus déterminé par la génétique que par un comportement alimentaire incontrôlé. En d'autres mots, selon cette théorie il y aurait une épidémie de personnes qui mangent trop. Ce qui est complètement absurde.

Le terme épidémie est choisi par les extrémistes pour impressionner et faire peur.

5- « rester mince toute sa vie »

N'est-ce pas un conseil qui manque de nuance ? Cela veut-il dire que les gens qui n'ont jamais été mince, ils sont condamnés à développer un cancer. Ce sont-ils attardés, une seule seconde, à l'impact de cette allégation sur les femmes?

La réalisatrice Chantal Théorêt a-t-elle tenu compte du fait que les femmes subissent déjà de fortes pressions pour perdre du poids. Si en plus, il faut qu'elles craignent le cancer si elles ne font pas plus d'efforts pour devenir mince (chose qu'elles rêvent toutes depuis toujours). C'est le boutte du boutte. Il n'y a pas argument plus terrorisant que cela.

Indirectement, cela donne aux femmes un argument scientifique pour appuyer l'opinion qu'elles ont d'elles-même au fait qu'elles se trouvent laide avec leurs rondeurs. « Rester mince toute sa vie » c'est la cerise sur le sunday. Avec une tel argument, les femmes vont détruire leur santé encore plus à vouloir devenir mince.

Donner un objectif irréaliste de perte de poids aux femmes comme « rester mince toute sa vie » c'est extrêmement néfaste pour leur santé.

Stresser son corps inutilement pour atteindre un objectif impossible à atteindre réduit la résistance au corps à combattre les maladies.

Pourquoi la réalisatrice Chantal Théorêt a choisi d'adopter la stratégie de mise en marché de l'industrie de l'amaigrissent de faire peur aux femmes avec l'embonpoint ?

A-t-elle accepté une enveloppe brune ? Ce qui expliquerait la démagogie dans ce reportage.

Ces allégations sont-il des fondées sur des faits ou des interprétations ?

Ces allégations sont des arguments, qui pour moi, encouragent l'obsession de la minceur.

Découverte est-elle émission de vulgarisation ou une émission d'évangélisation pour annoncer la bonne nouvelle des vertus de la minceur ?

Leur réponse

LA RÉVISION1

L'émission Découverte du 4 octobre peut être visionnée à l'adresse suivante :
http://www.radio-canada.ca/emissions/decouverte/2009-2010/Reportage.asp?idDoc=92340

Afin de pouvoir répondre à cette plainte, j'ai lu quatre chapitres du rapport de 2007 du Fonds mondial de recherche contre le cancer (FMRC), les articles cités par le plaignant et d'autres résumés d'études sur le sujet.

Épidémie d'obésité

Le plaignant reproche à l'émission Découverte d'utiliser le terme « épidémie d'obésité ».

Cette expression est largement répandue depuis que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décrété en 1997 que la hausse importante des taux d'obésité constituait une « épidémie ». À cette époque, c'était la première fois qu'un organisme aussi connu utilisait cette expression pour décrire un mode de vie, alors que jusque-là il fallait la présence d'un agent infectieux pour parler d'épidémie :


1 Le mandat de l'ombudsman : http://www.radio-canada.ca/apropos/ombudsman/


Révision de l'émission Découverte sur les liens entre le cancer et l'obésité 6

« (...) les causes fondamentales de l'épidémie d'obésité sont d'ordre sociétal, et résultent d'un environnement qui met en avant des modes de vie sédentaires et la consommation d'aliments riches en matières grasses et énergétiques. (...) 2 »

L'OMS estimait en 2005 que 400 millions d'adultes étaient obèses. Elle projette que ce nombre passera à 700 millions en 2015. L'OMS considère que cette épidémie, au même titre que les autres, est un problème de santé publique auquel il faut s'attaquer.

500 000 études

Le chercheur réputé Richard Béliveau fait référence au rapport de 2007 du FMRC intitulé : « Alimentation, nutrition, activité physique et prévention du cancer : une perspective mondiale », et dit : « C'est une compilation de 500 000 études, faites à l'échelle mondiale par 230 oncologues, les meilleurs de la planète, des chercheurs et des cliniciens, dix recommandations (...). »

M. Breton a l'impression qu'en utilisant ce très gros chiffre, sans en préciser la source, Découverte a laissé entendre que ces études portent toutes sur l'obésité. Dans un résumé écrit par le FMRC lors du lancement du rapport, on précise la méthodologie utilisée :

« Dans un premier temps, un groupe d'experts a conçu une méthode de revue systématique des nombreuses études scientifiques existantes. Dans un deuxième temps, neuf équipes de chercheurs ont recueilli et analysé les études selon cette méthode (parmi les 500 000 études identifiées, 22 000 ont été retenues, 7 000 ont été jugées pertinentes à la réalisation du rapport) 3 . »

Il aurait été plus juste de dire que les chercheurs ont identifié 500 000 études, mais n'en ont utilisé que 7 000 – les plus pertinentes –, dans leur rapport. Rien toutefois dans le texte ne laisse croire que l'ensemble de ces études porte sur l'obésité. Je rappelle aussi que l'auteur de ces propos est le Dr Béliveau, et non le journaliste.

« (...) À titre d'entreprise publique, la Société [Radio-Canada] ne fait pas siennes les opinions des commentateurs et commentatrices qu'elle invite pour exprimer divers aspects de l'opinion sur un sujet donné. (...) » (NPJ, IV. Normes de production B, 1.3) 4


2 OMS, « Obésité : prévention et prise en charge de l'épidémie mondiale », 1997 http://whqlibdoc.who.int/trs/who_trs_894_fre.pdf (page 283)
3 Référence : http://www.fmrc.fr/la_recherche/le_2_rapport.php
4 Normes et pratiques journalistiques de CBC/Radio-Canada : http://cbc.radio-canada.ca/responsabilite/journalistique/index.shtml


Révision de l'émission Découverte sur les liens entre le cancer et l'obésité 7

Les journalistes de Radio-Canada, eux, sont soumis à la norme d'exactitude :

« L'information est fidèle à la réalité, en aucune façon fausse ou trompeuse. (...) » (NPJ, III. Principes)

Dans l'émission, ce que le journaliste Claude D'Astous écrit sur le rapport est tout à fait exact : « En automne 2007, un rapport du Fonds mondial de la recherche contre le cancer résumait la somme des connaissances sur la prévention et le cancer. »

Il y a donc une imprécision dans la formulation de Richard Béliveau, sans plus. Quant à l'absence de sources, un reportage de télévision ne peut pas, étant donné le besoin de concision, nommer toutes ses sources. Ce qui compte, c'est que ces sources existent et que leur crédibilité soit évaluée par les journalistes.

L'obésité et le cancer

Le plaignant juge exagérés les propos du biochimiste Richard Béliveau :
« On fume : 30 pour cent des cancers; on mange mal pis on est obèse : 35 pour cent des cancers (...). »

Dans cette courte intervention en tout début de reportage, le Dr Béliveau indique, de façon succincte et propre à frapper l'imagination, que les mauvaises habitudes alimentaires et l'obésité sont responsables de 35 pour cent des cancers. Or, il oublie de mentionner un facteur dans cette équation : selon le rapport du FMRC, les mauvaises habitudes alimentaires, le surpoids, l'obésité et le manque d'exercice seraient à l'origine de 35 pour cent des cancers. Cette question est éclaircie plus tard dans le reportage quand l'épidémiologiste de l'Université Harvard, Walter Willett, dit que le surpoids et l'obésité seraient responsables de 15 à 20 pour cent des cancers en Amérique du Nord.

Il n'y a pas de contradiction entre les deux scientifiques, car dans un autre segment de l'entrevue de Walter Willett, qui n'a pas été diffusé par Découverte, voici ce que le chercheur dit :

« This huge body of evidence does tell us that about a third of cancers can be eliminated, avoided, prevented by healthy diet and lifestyle changes. Particularly avoiding overweighs and obesity and otherwise eating a good quality diet. »

Cette même idée est reprise un peu plus loin dans le reportage quand Claude d'Astous écrit :

« Donc : rester mince toute sa vie, faire de l'exercice tous les jours, manger santé. Le rapport calcule qu'on pourrait réduire la mortalité par le cancer de 35 pour cent. »

J'estime donc que le message est clair pour les téléspectateurs. Claude D'Astous a respecté les règles journalistiques en faisant part de ces estimations.

Révision de l'émission Découverte sur les liens entre le cancer et l'obésité 8

Il n'a pas pris le chiffre de 35 pour cent à son compte. Il a laissé des experts l'avancer. Et il ne s'agit pas de n'importe quels scientifiques, puisque le Dr Willett est considéré comme une sommité en prévention du cancer et le Dr Béliveau est également un chercheur crédible et un bon vulgarisateur.

Certitude ou théorie contestable?

Le plaignant me réfère à quelques textes qui, à son avis, remettent en cause la crédibilité du rapport sur lequel une partie du reportage est basée.

• Une étude australienne révèle que le taux d'enfants obèses stagne depuis une décennie, mais que l'insistance à parler « d'épidémie » d'obésité augmente les cas d'anorexie et de boulimie.
• Deux études indiquent que les personnes plus âgées ayant un léger embonpoint tombent moins souvent malades et vivent plus longtemps que celles qui ont un poids santé.

Ces études sont intéressantes, mais ne contredisent pas le rapport du FMRC. En effet, ce rapport ne parle pas spécifiquement des personnes plus âgées, mais de toute la population, et il ne met pas l'accent sur un pays en particulier, comme l'Australie. Toutefois, il est vrai qu'il n'y a aucune certitude dans ce domaine de recherche et, même si on note une corrélation entre certains cancers et l'obésité, le lien de cause à effet est encore à prouver dans bien des cas. Le reportage signale aux téléspectateurs qu'il s'agit d'un concept « nouveau », qui ne fait pas l'unanimité :

« Arrêter de fumer demeure la première recommandation pour éviter le cancer. (...) Il y a aussi les coups de soleil qui provoquent le cancer de la peau. (...) Des études indiquaient cependant qu'il existait d'autres facteurs plus difficiles à cerner. »

« Cette approche [rester mince-exercice quotidien-manger santé] pour éviter le cancer est récente. Elle rencontre bien des résistances, car toutes les preuves ne sont pas sur la table. »

« On ne sait pas trop pourquoi, mais, pour bien fonctionner, notre corps a besoin de bouger. »

En Europe, où le mode de vie est différent, le surpoids et l'obésité seraient responsables de seulement 3,2 pour cent des cancers chez les hommes et de 8,6 pour cent chez les femmes européennes. 5


5 http://www.latribune.fr/depeches/reuters/le-surpoids-en-cause-dans-124.000-cancers-en-europe-en-2008.html


Révision de l'émission Découverte sur les liens entre le cancer et l'obésité 9

L'obésité, bientôt première cause de cancer?

Selon le plaignant, Radio-Canada a fait preuve de démagogie en laissant Richard Béliveau dire :

« On prédit que l'obésité va remplacer le tabac comme la première cause de cancer à l'échelle mondiale. C'est pas n'importe quoi ça. »

Cette prédiction a de quoi alerter l'opinion publique, car le tabagisme compte en ce moment pour 35 pour cent des cancers. Encore une fois, ce n'est pas Radio-Canada qui fait cette prédiction, mais un scientifique. Il n'est pas le seul à prédire une telle tendance. Le directeur Pierre Sormany cite le chercheur britannique Andrew Renehan. Le professeur Jeffrey M. P. Holly publiait aussi une étude au printemps 2006 prévoyant que, dans quelques années, l'obésité allait remplacer le tabac comme cause principale des morts de plusieurs cancers, morts qui pourraient être évitées 6 .

Rester mince toute sa vie

M. Breton croit qu'en mettant l'accent sur cet objectif irréaliste, Radio-Canada risque d'exacerber l'obsession de la minceur chez les femmes. Claude D'Astous a repris textuellement la recommandation telle qu'elle est formulée dans le rapport. Ce rapport est encore plus spécifique, puisqu'il y est écrit qu'un indice de masse corporelle entre 21 et 23 est souhaitable. [On estime que le poids santé se situe entre 18,5 et 25 (IMC).]

Le journaliste de Découverte ne se sentait pas libre de modifier le vocabulaire employé par les chercheurs. Toutefois, il pense que M. Breton a raison de souligner la difficulté, sinon l'impossibilité, pour beaucoup de gens d'atteindre cet objectif de minceur.

L'obésité est une maladie.

Le plaignant a peut-être raison de craindre que les recommandations radicales de ce rapport (rester mince toute sa vie, faire 30 minutes d'exercice par jour) renforcent l'obsession de la minceur chez certains. Toutefois, l'intérêt public de cette synthèse scientifique et les mises en garde qu'elle contient me semblent indéniables. Et ce, même s'il faudra sans doute encore des années de recherche avant d'avoir des certitudes sur les liens entre certains cancers et obésité :

« The panel emphasises that the setting of recommandations is not and cannot be “ an exact science”. Recommandations derive from judgements based on the best evidence


6 http://www.aicr.org/site/News2?abbr=res_&page=NewsArticle&id=9639&news_iv_ctrl=1201


Révision de l'émission Découverte sur les liens entre le cancer et l'obésité 10 but that evidence and those judgments may still not be such that only one possible recommandation would follow. Several aspects of recommandations desgined to improve health can be questioned. The Panel believes nevertheless that its recommandations are as firmly based as the science currently allows (...) » (page 373)

M. Breton n'a pas été le seul à critiquer l'utilisation du mot « mince » dans le rapport de 1997. D'ailleurs, le vocabulaire a changé dans les récentes directives de l'Institut américain de la recherche sur le cancer (qui était coauteur du rapport de 1997). Voici la recommandation sur le poids :

« Aim to be a healthy weight throughout life » 7
Traduction : visez un poids santé toute votre vie.

Encore plus intéressant : dans ces directives, les individus sont divisés en trois catégories, et on conseille aux obèses, qui souvent ne peuvent pas contrôler leurs poids, de mettre l'accent sur d'autres facteurs de risques pour prévenir le cancer. Ces récentes directives semblent donc plus réalistes.

Conclusion Le segment de l'émission Découverte qui traite des liens entre certains cancers et l'obésité respecte les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada.

Julie Miville-Dechêne
Ombudsman des Services français
Société Radio-Canada
2009-12-15

Ma conclusion

À ce point-ci du débat, nous n'avons pas le choix de douter de l'indépendance et de la partialité de Julie Miville-Dechêne, ombudsman de la Société Radio-Canada.

Julie Miville-Dechêne n'est pas une scientifique spécialisée en médecine. Elle ne peut pas juger de la pertinence ou de la véracité des allégations émises dans ce reportage. Elle s'est contentée de demander à ses journalistes leurs références, où ils ont pris leurs informations (juste pour voir s'ils n'ont pas inventé leurs allégations).

Elle s'est fiée à la parole de ses journalistes: « ils ont sûrement fait de bons choix. » Elle n'a donc pas fait sa job de vérifier si ceux-ci ont tenu compte de toutes les informations et les opinions sur le sujet. Elle semble ignorer le fait que les journalistes de Découvertes ont fait un choix éditorial qui ne fait absolument pas l'unanimité. Ceux-ci ont démontré que depuis le début, ils sont pro-extrémistes anti-obésité/malbouffe. Ils sont des véritables apôtres de ces intégristes. Il ne faut pas s'étonner qu'ils diffusent leurs paroles comme si elles étaient la seule et unique façon de voir les choses.

L'ombudsman de Radio-Canada, Julie Miville-Dechêne, aurait dû vérifier si ses journalistes respectaient la règle journalistique la plus importante, soit d'informer les gens de l'existence de toutes les opinions disponibles pour éviter de faire de la propagande pour une idéologie quelconque.

L'ombudsman de Radio-Canada, Julie Miville-Dechêne est partiale, parce qu'elle a choisi de se fier à ses journalistes qui ont choisi la position des extrémistes.

Julie Miville-Dechêne a minimisé la conséquence de l'utilisation du mot « mince » dans ce reportage, en écrivant : « Le journaliste de Découverte ne se sentait pas libre de modifier le vocabulaire employé par les chercheurs. » sans réagir. Que devons-nous en comprendre? Quelle importance accorde-t-elle à la problématique de l'obsession de la minceur chez les femmes? Aucune! Elle fait montre d'une aussi grande indifférence ou insensibilité face à cette souffrance féminine que les journalistes scientifiques de Radio-Canada.

Julie Miville-Dechêne n'a pas compris pourquoi, je me suis plaint. Je me suis plaint, non pas tant pour l'inexactitude des allégations, que pour les conséquences néfastes sur les femmes d'un reportage si peu nuancé.


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