Épidémie d'anorexie et de boulimie
On ne suffit plus à la demande

Journal de Québec mercredi 28 février 2007 page 9

Sujet: Les conséquences de la lutte à la malbouffe

On y lire:

Depuis trois ans, la proportion de jeunes souffrant d'anorexie ou de boulimie qui ont frappé à la porte de la Maison l'Éclaircie, à Sainte-Foy, a augmenté de plus de 150%.

Au cours de la dernière année, cet organisme communautaire a traité près de 200 nouvelles demandes de services, en plus des suivis déjà en cours.

«On est complètement débordés! On a de la broue dans le toupet! Depuis un an, on sentait la vague s'amplifier. Depuis septembre, on ne suffit plus à la demande», a signalé, hier, la coordonnatrice de la Maison l'Éclaircie, Marlène Duchesne.

Selon Mme Duchesne, la sortie, l'automne dernier, du film La peau et les os a sans doute contribué à sensibiliser davantage de personnes au drame de l'anorexie. Plusieurs facteurs sont également en cause dans les troubles alimentaires.

Le Journal rapportait, hier, qu'une véritable épidémie d'anorexie et de boulimie touche des jeunes de la région. Les adolescentes demeurent les plus affectées, mais on constate une hausse des troubles alimentaires chez les garçons.

Contrôle obsessif

«On a remarqué, chez un certain pourcentage de garçons, que l'identité sexuelle, homosexualité, est en cause. Sinon, le malaise est le même que chez les jeunes filles: la notion d'image de soi, la gestion des émotions, la difficulté, pour les gars, à s'identifier au modèle masculin.

L'obsession du corps parfait est la même, à la différence que les garçons focalisent sur les muscles, a signalé Mme Duchesne.

La moitié des fillettes de huit ans ont déjà fait une tentative de régime pour modifier leur corps. L'anorexie apparaît parfois dès cet âge.

«Les cas s'alourdissent. On remarque d'autres problèmes qui se greffent à l'anorexie, notamment des problèmes de santé mentale, de maladie bipolaire, d'abus, de violence, d'attitudes parentales inadéquates.

Certains parents transportent leurs propres blessures. Souffrir d'anorexie, c'est faire une abnégation de son corps. C'est un combat contre soi-même dans la destruction.»

Ressources insuffisantes

Seul organisme dans la région à offrir des services gratuits d'intervention et de soutien aux proches, la Maison l'Éclaircie a mis sur pied depuis novembre un service d'hébergement de fin de semaine pour sept jeunes. Le service d'écoute téléphonique reçoit entre 800 et 900 appels par année.

Son principal bailleur de fonds est l'Agence de santé de Québec, à hauteur de quelque 260,000 $ annuellement.

Le reste de l'argent provient de diverses activités de financement, dont un souper-bénéfice prévu le 10 mars, avec Étienne Drapeau, de Star Académie, qui a écrit une chanson sur les troubles alimentaires.

Mon commentaire

Là, nous sommes devant les dommages collatéraux de la guerre anti-obésité/malbouffe. Par définition, les désordres alimentaires se caractérisent par le contrôle alimentaire. Le cheval de bataille de la guerre anti-obésité/malbouffe est de forcer les gens à avoir du contrôle sur leur alimentation.

Leur message se résume à éviter de manger gras et sucré : « évitez de manger de la malbouffe ». Nous devons collectivement manger le moins de calories possible afin de faire baisser les statistiques sur l'obésité. Nous devons collectivement avoir une préoccupation excessive par rapport à notre poids. Nous devons collectivement continuellement être à la recherche des calories cachées en surveillant les étiquettes sur les emballages. Nous devons collectivement se discipliner de ne pas succomber aux desserts riches et sucrés.  

À cause de leur approche dogmatique, avoir le contrôle sur son alimentation constitue une vertu. La valeur qu'on y accorde est très grande. Ce qui contribue à pousser les jeunes femmes à se lancer dans les privations alimentaires. Elles le font en étant de convaincu de faire une action hautement méritoire.

À cause de la guerre délirante contre l'obésité/malbouffe, l'anorexie/boulimie est la seule maladie mentale considérer comme un comportement moralement exemplaire. 

Par conséquent, pour prévenir l'anorexie et la boulimie, il faut que les médias arrêtent d'écouter ceux et celles qui ont un discours moraliste entourant la nourriture. Les médias doivent refuser de diffuser des opinions dogmatiques qui sous-entendent qu'elles sont des vérités universelles et qu'elles proviennent d'un consensus. Il faut mettre en doute la crédibilité des gens qui moralisent et démonisent les aliments. Pour prévenir les désordres alimentaires, il faut éviter de faire peur aux gens avec la nourriture. 

Il faut ramener le discours sur le plaisir de manger. Tous les aliments sont bons pour la santé, la seule recommandation raisonnable, c'est de suggérer de manger une variété d'aliments. Le plaisir de manger devrait être valorisé plutôt que les privations et le contrôle alimentaire, comme c'est le cas en ce moment.

Commentaire fait par José Breton

Complément d'information

L'histoire

Épidémie d'anorexie et de boulimie

Dossier désordres alimentaires 

Le contrecoup du discours anti-obésité  

Malade à force de faire attention

Anorexie une question de poids  

Malbouffe

Halte à la malbouffe à l'école  

La malbouffe et les garderies

Délaisser la malbouffe et bouger

La malbouffe aussi dévastatrice que la nicotine  

La malbouffe, c'est très bon pour la santé


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